Les participants aux résidences d’écriture sont nombreux. Focus sur Louise de Prémonville, très heureuse de son expérience en Lab Paca.
Les participants méditalents ont des profils bien différents les uns des autres ! Vous avez fait des études d’ethnologie, comment en êtes vous arrivée au cinéma ?
En ethnologie, j’ai passé beaucoup de temps à observer le réel et à tenter de le retraduire par l’écrit jusqu’au moment où j’ai senti que l’image était un vecteur plus fort pour moi parce qu’elle me permettait d’être plus proche encore du réel, sans filtre. Je suis passée par le montage documentaire qui m’a permis de travailler la matière, de lui donner une forme, un peu comme quand on écrit. Et peu à peu j’ai voulu inventer cette matière moi-même. J’ai alors commencé à faire des films de fiction. J’ai gardé de l’ethnologie une méthode immersive, le besoin d’aller observer le monde qui sera le décor du film, de comprendre comment les gens y vivent, quelles sont leurs problématiques pour pouvoir écrire une histoire.
Un terrain d’ethnologie que j’avais réalisé pendant mes études, en Camargue, dans le milieu taurin a d’ailleurs nourri notre réflexion pour le projet de long-métrage « A Porta Gayola » que je co-écris avec Antoine Capliez. Quand l’histoire du film est née, nous y sommes retournés avec Antoine pour s’imprégner l’un et l’autre de cet univers et nous y retournons chaque fois que nous en avons besoin.
Vous avez déjà réalisé plusieurs courts-métrages, écrit et dirigé des équipes, pourquoi avoir choisi d’intégrer Méditalents/lab paca ?
J’ai effectivement réalisé plusieurs courts-métrages de fiction. Et pour certains, je suis aussi allée en résidence d’écriture. Pour mon film « Cabossés » notamment qui a gagné le premier prix du concours de scénario du Moulin d’Andé Ceci. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette résidence que j’ai rencontré Antoine, mon co-scénariste sur le projet de long-métrage. Pour réaliser, il faut d’abord écrire : être capable d’aller fouiller son sujet jusqu’au bout pour en tirer la quintessence.
C’est ce que nous apporte Méditalents Lab PACA aujourd’hui à travers la résidence d’écriture : un travail collectif entre auteurs, avec l’accompagnement bienveillant et très constructif d’un intervenant, ici François Lunel qui nous a permis d’approcher notre histoire sous un angle nouveau. Ce travail est d’autant plus précieux qu’il se déroule en PACA, région dans laquelle se passe le film. En quelques jours de résidence, je pense que nous avons gagné plusieurs semaines voire plusieurs mois dans l’avancement de notre projet.
Que vous apporte de plus ce travail d’atelier dans votre processus d’écriture ?
Dans l’écriture, nous sommes souvent seuls. La résidence offre une vraie richesse dans l’échange, elle permet de se confronter au regard des autres participants, tout en étant accompagné dans tous les questionnements que ces échanges entraînent sur son projet.
L’histoire de votre film se déroule à Arles et l’histoire a pour personnage principal un petit garçon. Pouvez vous nous parler de votre projet ?
J’ai passé du temps en Arles dans le milieu de la tauromachie pendant mes études. Je travaillais sur la notion de tradition et sur les questions éthiques que la pratique de la corrida soulève et la polémique qui en découle. Et lorsqu’Antoine m’a parlé d’un article qu’il avait lu sur les jeunes des quartiers, dans le sud de la France qui veulent devenir matadors comme d’autres veulent devenir footballeurs, nous avons décidé de nous intéresser à ces parcours. Entrer dans le milieu de la tauromachie, c’est entrer dans un monde complexe, emprunt de codes et de traditions et c’est aussi accepter l’idée que pour s’accomplir, il faudra côtoyer le tragique, aller jusqu’à donner la mort. Des parcours qui ne sont pas anodins et qui soulèvent pour nous des questions essentielles. A travers notre film, nous allons suivre le parcours initiatique de l’un de ces jeunes.